chronique 4 - Les peuples de la Préhistoire
D'une manière simplifiée, la Préhistoire constitue la période allant de l'origine de l'homme à l'apparition des premiers documents écrits. C'est au cours de la Préhistoire que l'espèce humaine s'est transformée, passant du stade de l'Australopithèque* à celui de l'« Homme anatomiquement moderne », « Homo sapiens ». Les premières populations nomades assuraient leur subsistance par la prédation et se nourrissaient grâce à la chasse, la pêche et la cueillette. Puis elles apprirent à domestiquer la nature : les hommes élevèrent du bétail et cultivèrent la terre, devinrent sédentaires et se regroupèrent dans des lieux de vie. Ce passage de l'hominidé « Australopithèque » * à l'agriculteur couvre une période de 5 millions d'années ... à peu près ! Traditionnellement, la Préhistoire est divisée en deux grandes sous-périodes : le Paléolithique et le Néolithique. Une troisième période vient encore s'intercaler entre les deux précédemment citées, celle du Mésolithique … que nous ignorerons ici, pour ne pas nous appesantir. * Australopithèque (singe du sud) : hominidé disparu ayant vécu entre environ 4,4 millions et 1 million d'années avant notre ère.
Les hommes du Néolithique Quelles étaient ces « routes naturelles » empruntées par les peuplades dites danubiennes ? D'une part, les fleuves et les rivières, ainsi que les sentiers qui, sur chaque rive, longeaient les cours d'eau ; d'autre part, les voies de terre, souvent simples pistes empruntées par les troupeaux dès les débuts de l'ère quaternaire à la recherche de zones nourricières. De nombreuses trouvailles archéologiques attestent que l'occupation « danubienne » atteignit la vallée de la Moselle jusqu'à Epinal, ainsi que les vallées de ses affluents, la Seille et la Sarre par exemple. Les nouveaux venus, agriculteurs-pasteurs, étaient à la recherche de terres fertiles, comme les riches terres limoneuses qui bordent les rivières, sur lesquelles ils semèrent, cultivèrent et moissonnèrent des céréales dans de petits champs, dont ils remuèrent superficiellement la terre à l'abri des forêts. Ils y élevèrent des moutons, des porcs et des bovins, façonnèrent des poteries afin d'y conserver leurs productions et construisirent des habitations qu'ils regroupèrent en petites agglomérations. L'outillage de pierre comportait des objets en silex poli, grattoirs, lames de faucilles, perçoirs, haches et herminettes, pointes de flèche triangulaires, ainsi que des objets polis en roches autres que le silex, telles ces vestiges de meules en grès retrouvés de temps à autre, ici et là. La céramique de cette civilisation « danubienne », dite « céramique rubanée », est caractéristique. Les récipients sont faits à la main et souvent ornés par des incisions faites dans la pâte fraîche. Les traits gravés sont disposés en bandes parallèles, d'où le nom de « céramique rubanée », qui se courbent ou se plient à angles vifs. Des pointillés, des hachures, des quadrillages, parfois des triangles et des signes rayonnants s'introduisent avec plus ou moins d'abondance dans le décor. Ce sont surtout les variantes décoratives de cette céramique qui ont permis aux archéologues d'établir au sein du « Danubien » une série de groupes sociaux relativement bien localisés géographiquement et chronologiquement.
poteries à décor rubané herminettes en silex poli
L'un des groupes « danubiens » a été situé en Alsace, et un autre dans la vallée de la Moselle, installé sur les terres depuis sa confluence avec le Rhin à Coblence jusqu'à sa source au col de Bussang. La même civilisation « rubanée » a été repérée sur les rives de la Seille et de la Sarre, cette « Sara » ou « Sarava » des Celtes qui naît dans le massif vosgien, au pied du Donon, de la réunion de la Sarre rouge et de la Sarre blanche, lesquelles confluent sur le territoire de la commune de Hermelange. Après avoir traversé les localités françaises de Sarrebourg, Sarralbe et Sarreguemines, la Sarre se jette dans la Moselle à Konz, en Allemagne, non loin de Trèves. Les hommes du Néolithique ont utilisé la Sarre comme axe de communication, ainsi que les voies terrestres qui la longeaient. Selon Marcel Lutz, archéologue mosellan renommé, on a retrouvé des stations danubiennes dans la région de Sarrebourg, particulièrement entre Fénétrange et Berthelming, telle la ferme de Freywald à Romelfing. Il affirme également que des traces d'occupation du sol au Néolithique existent près d'Imling où, entre La Forge et la rivière Sarre, on recueillit en 1951 plusieurs hachettes de type danubien. Le bourg que les Romains nommeront Pons Saravi « n'était alors qu'une infime agglomération, dont les habitants avaient été attirés par le gué, situé soit à l'emplacement du pont actuel, soit légèrement en aval, car ruisseaux et rivières sont alors franchies à gué. » (Extrait de l' « Histoire de Sarrebourg »/ ouvrage collectif)
Les espaces de la diffusion du Néolithique en Europe Quant à connaître l'origine ethnique des populations « rubanées », les hypothèses sont diverses ! L'une des principales considère que les peuples rubanés, venus d'Asie Mineure, correspondent au premier peuple indo-européen qui colonisa l'Europe continentale, acculturant et assimilant les groupes de chasseurs-cueilleurs autochtones qui auraient été peu nombreux. La colonisation aurait été possible surtout grâce à l'accroissement démographique que permettait la nouvelle économie agricole. Cette hypothèse est considérée comme satisfaisante par de nombreux chercheurs, car elle expliquerait l'introduction de la famille linguistique indo-européenne en Europe, à laquelle appartiennent la presque totalité des langues parlées de nos jours dans les pays européens, hormis le hongrois et le finnois.
Les plus anciennes traces de peuplement retrouvées sur le territoire actuel de la France sont des quartz taillés découverts à Chilhac (Haute-Loire). On a cru pouvoir les dater de 1.800.000 ans avant notre ère. Des vestiges laissés il y a un million d'années par un groupe de chasseurs du type « Homo erectus » (taille : 1,20 m environ / origine : Afrique) ont été découverts dans la grotte du Valonnet, près de Roquebrune (Alpes Maritimes). C'est vers 35.000 ans avant J-C que seraient arrivés en France les premiers de nos ancêtres authentiques : les hommes de Cro Magnon, dits «Homo sapiens »* ou « Hommes modernes ». L'étude des ossements retrouvés aux Eyzies-de-Tayac (Dordogne), dans un petit abri sous roche, indique que cet hominidé était de grande taille : entre 1,70 m et 2 mètres ! On attribue à l'homme de Cro-Magnon la première culture ayant laissé des traces pérennes d'art figuratif, tels ces hommes, animaux et autres tracés géométriques énigmatiques décorant les parois de de la grotte Chauvet en Ardèche ou de la grotte de Lascaux en Dordogne, dont les fresques seraient vieilles d'environ 17.000 ans. * L'homme de Cro-Magnon est un représentant des premiers «Homo sapiens » en Europe. Plus communément appelé « homme », « humain », ou encore « être humain », «Homo sapiens » est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces, une quinzaine en l'état actuel des connaissances paléoanthropologiques, étant éteintes.
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