chronique 3 - Les peuples de la Protohistoire
Les Celtes font partie des peuples qualifiés de protohistoriques. La Protohistoire est une époque qui s'insère entre la Préhistoire et l'Histoire : c'est la période pendant laquelle une civilisation ne possède pas encore d'écriture, cependant qu'elle apparaît déjà dans les écrits d'autres civilisations, ainsi par exemple les Grecs parlant des Celtes. La Protohistoire s'intercale entre : d'une part la Préhistoire qui la précède et concerne les populations dont la subsistance est assurée par la prédation, les groupes de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs exploitant des ressources naturelles disponibles sans les maîtriser ; d'autre part l'Histoire, qui lui succède et concerne les populations de producteurs ayant adopté l'écriture et connaissant le plus souvent un pouvoir centralisé. Pour la majorité des auteurs, il est possible d'assimiler la Protohistoire aux périodes dénommées « âge du fer » et « âge du bronze ». L'« âge du cuivre », précédant les deux autres âges des métaux, est plutôt rattaché à la Préhistoire. Cependant, comme pour les périodes de la Préhistoire, les limites chronologiques des âges des métaux varient considérablement selon l'aire culturelle et l'aire géographique considérées.
Cette période de la Protohistoire, caractérisée par l'usage de la métallurgie du fer, débute vers 800 à 700 avant J-C dans le nord de l'Europe. Elle succède à l' « âge du bronze » et précède l'entrée des civilisations concernées dans l'Histoire. La notion d'« âge du fer » ne doit pas s'entendre comme une notion chronologique ou comme un stade d'évolution, mais simplement comme l'indice d'une technique qui influença durablement et en profondeur certaines sociétés, en particulier en Europe continentale. L' « âge du fer » a été subdivisé en deux catégories, nommées d'après des sites éponymes, qui correspondent à un état de civilisation plus qu'à une période dans le temps :
fibules celtes (agrafes ou broches) casque d'apparat Et avant les Celtes ?
Les Ibères et les Ligures
La terre qualifiée aujourd'hui de lorraine, de par sa situation géographique, a été de tout temps un lieu de passage pour les nombreuses peuplades venues de l'est et se dirigeant vers l'ouest. Quelques-unes n'ont fait que traverser nos régions, allant s'établir vers d'autres cieux, tels ces Ibères supposés venus d'Asie mineure quelque vingt siècles avant J-C, dont une partie franchit les Pyrénées pour aller coloniser la péninsule qui porte toujours leur nom, et ceci probablement dès l'« âge du bronze », environ dix ou douze siècles avant notre ère. Les peuples ibères ne formaient pas un groupe ethnique homogène, mais, tout comme les Celtes, étaient un ensemble de peuplades partageant certaines caractéristiques communes, parmi lesquelles la langue. Dans les territoires où les tribus celtes et ibères se disputèrent le sol et finirent par cohabiter, elles se confondirent au point de ne former qu'un seul peuple, les Celtibères. Certains auteurs ont créé d'autres noms, lesquels indiquent ces mélanges entre les diverses peuplades : Celto-ligures , Ibéro-ligures.
Les Ibères auraient été refoulés vers l'ouest et le sud par les Ligures, eux-mêmes repoussés vers l'ouest par les premières peuplades celtes qui migrèrent elles aussi toujours vers l'ouest à la période de la Tène. Dans son « Histoire de la Gaule », tome I, l'historien Camille Jullian donne des renseignements sur ces peuples ligures qui occupèrent ou traversèrent notre territoire il y a de cela bien plus de mille ans : « C'étaient des populations (...) qui, au sixième siècle avant notre ère, occupaient le sol de toute la Gaule. Ne considérons pas les Ligures comme les représentants uniformes d'une race déterminée. Tous ces hommes ne se ressemblaient assurément pas. Mais les différences qui les séparaient étaient moins sensibles que les caractères qu'ils avaient en commun. Ils donnaient à ceux qui les visitèrent une impression d'unité, et non pas de divergence.
Les Pélasges
Les spécialistes de l'Antiquité prétendent que les Ibères avaient été précédés en Gaule par les Pélasges ou Pélasgiques, qui sont pour Hérodote « un peuple d'Asie qui, chassé des rives du Gange et de l'Indus où il demeurait, se réfugia, bien avant la guerre de Troie, en Grèce où il fonda Athènes, alla par terre et par mer chercher une patrie nouvelle, soit sur les côtes, soit dans l'intérieur de l'Europe, et parvint ainsi jusqu'en Italie, en Espagne, dans la Gaule, sans doute même au-delà. » Il semble donc que les Pélasges aient été les premiers émigrants de l'Asie, berceau probable de tous les peuples indo-européens dont les Français font partie, et la souche des populations primitives de presque toute l'Europe.
En résumé ... rapide (!) : venant de l'est, les peuplades celtes firent migrer vers l'ouest et le sud les tribus ligures établies sur les terres que l'on nommera « Gaule », lesquelles délogeaient les Ibères qui eux-mêmes avaient occupé des territoires colonisés par les Pélasges. Certains de ces peuples partaient, poussés par les nouveaux arrivants, mais d'autres restaient sur place et « cohabitaient » avec les nouveaux venus. Camille Jullian décrivait ainsi ce « melting pot »* européen d'avant l'ère chrétienne : « Il y a, derrière les tribus du septième siècle avant J-C un formidable amas de vies humaines, d'unions sexuelles, de formations et de dislocations d'états, et d'invasions par terre et par mer, un enchevêtrement de langues, de types et d'habitudes qui échappe à toute analyse. L'époque ligure est simplement le terme et la conséquence de ce long passé. (…) * « melting pot » : expression anglo-américaine désignant un phénomène d'assimilation de populations immigrées de diverses origines en une société homogène, toutes les différences initiales s'effaçant pour ne plus former qu'un seul et même ensemble. 4 - Les peuples de la Préhsitoire
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