Les «Lettres de nos aïeux » constituent une correspondance imaginaire , tantôt entre une mère et sa fille, ou une sœur et un frère, tantôt entre l'Abbesse de l'abbaye bénédictine de Hesse et l'évêque de Metz, ou encore entre le curé de Hesse et sa cousine, supposée être religieuse à Saint-Jean-de-Bassel. Les faits relatés dans les diverses lettres ont toujours pour départ un fait historique véridique, décrit dans un manuscrit que la passionnée d'histoire locale que je suis prend plaisir à déchiffrer et à transcrire aux Archives de Meurthe et Moselle, à Nancy. Les textes de référence sont divers : plaids annaux, minutes notariales, enquête avant procès, plaintes des uns contre les autres, listes d'habitants établies pour un quelconque recensement, ordonnance de tel seigneur ou officier seigneurial. Les noms des personnes mises en scène sont des noms effectivement portés par des Hessoises et Hessois ayant vécu dans notre village il y a de nombreuses années. Afin de veiller à la vérité historique, je conserve volontairement les fautes d'orthographe faites par les scripteurs des documents anciens. L'imagination, dont je ne suis pas dépourvue, me permet de broder une histoire autour du fait avéré, de créer des situations qui pourraient être tirées de la vie courante, d'inventer des personnages que je suppose être « de Hesse », et de prêter à ceux-ci un discours truffé de mots et expressions patoisantes, typiquement hessoises. C'est évidemment pure invention de ma part que de mettre dans la bouche des Hessois des 17e et 18e siècles des propos que pourraient encore tenir quelques anciens de notre village en cette aube du 21e siècle. Le souvenir des paroles de ma « mémère » et des mots de patois utilisés de temps à autre par ma mère m'inspire lors de cette création épistolaire. Ayez la bonté d'excuser certains anachronismes ! Par le biais de ces lettres que pourraient avoir écrites mes aïeux ou les vôtres, permettez-moi de vous faire découvrir une époque que la plupart de nos contemporains ne connaissent pas, ou si peu. « Pourquoi raconter des histoires qui remontent à Mathusalem ? » se demanderont certains d'entre vous. La réponse tient dans ces mots de l'écrivain Marguerite Yourcenar : « Quand on aime la vie, on aime le passé parce que c'est le présent tel qu'il a vécu dans la mémoire humaine. » Cette opinion est complétée par l'homme de lettres Gabriel Delaunay : « Je veux sauver ce que je suis : le chaînon d'une chaîne, l'homme d'une enfance. Je suis ce que m'ont fait ceux qui ne sont plus là pour me voir, et je ne puis accepter ce qui efface leur empreinte. »
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