manuscrits et documents - 1 -
De très nombreux manuscrits concernant l'abbaye et le prieuré de Hesse sont conservés aux Archives de la Meurthe-et-Moselle à Nancy, car, avant 1871 et l'annexion par l'Allemagne, le Pays de Sarrebourg - et donc le village de Hesse - appartenait au département de la Meurthe. D'autres documents relatifs au village de Hesse ont été déposés aux Archives de la Moselle à Saint-Julien-les-Metz. Nous vous en livrons un grand nombre, recopiés avec soin, que nous reproduisons tels quels, sans nous être autorisés à apporter de corrections à l'orthographe originale. Ce sont les témoins du passé de notre village !
VII e, VIII e et IX e siècles
Concernant ces siècles antiques, ce ne sont pas des manuscrits originaux que nous avons déchiffrés. Nous avons extrait quelques passages du Cartulaire de l'abbaye de Wissembourg (département du Bas-Rhin), aussi désigné comme étant le Codex traditionum. Cet important document archivistique contient, avec 272 copies originales, une grande partie de l'ancien patrimoine immobilier du monastère alsacien, qui se trouvait à l'époque dans le Speyergau, le pays de Spire ; ce patrimoine est aujourd'hui considéré comme faisant partie de l'Alsace, pour la plupart des lieux. Le Codex traditionum contient les actes privés répartis sur trois pagi - l'Alsace, le pagus de la Sarre, le pagus de la Seille -, consistant en nombreux dons, ventes et contrats réalisés depuis l'an 661. « Sont réunis dans ce Codex les premiers actes du monastère, huit remontant avant l'an 700, et plus de 80 datant de l'époque mérovingienne, avant l'accession au trône du roi Pépin. Vous ne trouverez nulle part ailleurs l'équivalent d'une telle suite aussi cohérente de dates anciennes » déclarait Karl Glöckner en 1939. L'éditeur de ce trésor dans une édition moderne, Anton Doll, a encore souligné en 1979 le « caractère unique » de ce Codex. Honneur pour notre village et preuve de son existence antique : le lieu actuellement dénommé HESSE y figure plusieurs fois, apparaissant quatre fois sous la forme de CHASSUS en l'an 699, ESSEM en 801, ESSEI en 846, et enfin HESSIS en 847. « Le Codex wissembourgeois nous offre un certain nombre de documents qui sont d'un grand intérêt pour l'histoire de l'époque mérovingienne et carolingienne. (Ils) nous transmettent de nombreux noms de lieux et noms propres, qui représentent des témoins de haute importance pour l'histoire linguistique dans ses débuts dans l'Est de la Lorraine et de l'Alsace bossue. » affirme Wolfgang Haubrichs. Cette remarque s'applique parfaitement au toponyme HESSE, que nous voyons évoluer de CHASSUS (en 699) à HESSIS (en 847).
Sources - Traditiones possessionesque Wizenburgenses / C. Zeuss / 1842 - Überlieferungs-und Identifizierungsprobleme in den lothringischen Urkunden des Klosters Weißenburg / Wissembourg (Bas-Rhin) / par Wolfgang Haubrichs / dans Nouvelle revue d'onomastique ; N°19-20 / 1992 - Etymologisches Wörterbuch der deutschen Sprache / F. Kluge und E. Seebold, page 303 / 1881
XI e siècle
Le pape Léon IX fut de passage à Hesse lors du voyage qu'il effectua dans le Nord-est de la Gaule et en terre d'Empire entre octobre 1050 et janvier 1051. Il s'arrêta à l'abbaye de Hesse, prié par son neveu Henri Ier d'Eguisheim-Dabo et sa mère, Mathilde d'Eename, épouse de son frère Hugues V décédé en 1048 ou 1049. Gerberge (ou Serberge), la fille de Mathilde et Hugues, sœur de Henri, était alors abbesse du couvent. L'oncle de Gerberge et Henri d'Eguisheim-Dabo confirma les privilèges de la maison religieuse dans une bulle, dont le texte nous est connu en latin, ainsi que sa traduction. La date exacte de la visite du pape aux religieuses bénédictines de Hesse n'est pas connue, ni celle de la rédaction de la bulle, qui d'ailleurs n'est pas datée. Mais il n'est pas impossible d'obtenir une datation, car l'emploi du temps de Léon IX nous est connu ! Il a été consigné mois par mois, année par année, dans les regestes pontificaux, répertoires chronologiques où sont enregistrés les actes des papes. La visite à Hesse est signalée en 1050, et figure ainsi dans le regeste : « celebretur ... dedicatio ... VII kal. Decembris » ; ce qui correspond au 25 novembre. Le même jour, l'agenda du pape indique qu'il participa à la fête donnée pour le « baptême » du couvent. Si le saint homme n'a pas daté à la manière habituelle et officielle le document qu'il adressa à sa belle-sœur Mathilde et à sa nièce l'abbesse, on y trouve toutefois une indication du jour exact de la consécration de l'abbaye hessoise. Juste avant que ne soient énumérés tous les biens et héritages dont jouissait alors la maison religieuse, il est écrit : Celebratur etiam dedicatio ab omnibus loci ejusdem incolis septimo calend. Decemb - les habitants du lieu devront commémorer le souvenir de cette consécration chaque septième des calendes de décembre. Il n'est plus permis de douter que la visite du saint homme eut lieu le 25 novembre 1050. La fête d'anniversaire, ce n'est ni la veille ni le lendemain du jour de naissance qu'on l'organise ! Idem pour la célébration d'un événement extraordinaire ! Car ce fut bel et bien un jour exceptionnel que ce 25 novembre 1050, tant pour les nonnes et les prélats que pour les serfs - ceux appartenant à l'Eglise ou ceux appartenant en propre aux seigneurs d'Eguisheim-Dabo. Et pourtant, la bulle pour Hesse a été signalée par Michel Parisse en 2002 comme étant un faux : l'historien argumente qu'elle n'est pas datée, qu'elle contient plusieurs anachronismes et que le style rédactionnel n'est pas conforme à celui connu pour cette époque. L'historien allemand Frank Legl n'est pas du même avis, disant que le texte pouvait avoir été modifié par différents copistes au cours des siècles suivants. Il estime également que le document peut très bien avoir été rédigé de manière informelle à Hesse-même, à la demande de la belle-sœur du pape, Mathilde, bienfaitrice de l'abbaye dont elle a confié la direction à sa propre fille Gerberge. Nous nous rangeons facilement à cet avis ! Nous nous doutons bien que la lettre n'a pas été écrite par Léon IX lui-même ! Ce fut bien sûr l'un de ses compagnons de voyage ou l'un de ses ministeriales ou Dienstmänner, un haut fonctionnaire en charge des affaires administratives, qui coucha sur le papier les dires papaux. Et s'il n'y fut pas apposé de sceau officiel, quelle belle affaire ! Allons, ne soyons pas plus royaliste que le roi, ou plutôt plus papiste que le pape : ce fut un billet que remit le Saint-Père à sa nièce Gerberge, un bout de parchemin même pas griffonné de sa noble et révérende main ! Et pourtant ce billet servit de preuves pendant les siècles suivants, attestant des donations qui avaient été faites aux religieuses et au monastère de Hesse, biens acquis attestés avant 1050. « Les biens fonciers attribués dès lors à cette fondation n'ont d'ailleurs jamais été contestés par qui que ce soit » signale Frank Legl.
N°01 -novembre 1050 - Bulle du pape Léon IX pour l'abbaye bénédictine de Hesse
« Leo episcopus, servus servorum Dei, Ecclesiæ in loco qui dicitur Hesse positæ, in honore sanctæ Dei Genitricis Mariæ, et in memoria sanctorum Martini confessoris et Laurentii levitæ gloriosi et igne purgatorio, assati martyris dedicatæ, et per eam Gerbergæ (peut-être Serbergæ) abbatissæ nepti nostræ, et post eam successuris inibi Dei ancillis in perpetuum. (...)
« Léon, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à l'Eglise située au lieu qui s'appelle Hesse, dédiée à Marie, la sainte mère de Dieu, et aux saints Martin, confesseur, et Laurent, lévite, glorieux martyr, consumé par un feu purifiant, à Gerberge (ou Serberge) abbesse, notre nièce, Martin, ici-bas pauvre et humble, pour nous obtenir d'entrer au ciel chargés de richesse, nous avertit en douceur de lui rendre, à lui et aux siens, les services les plus dévoués. Laurent, rôti sur un brasier comme le poisson, ainsi qu'il s'exprime lui-même, s'est acquis des trésors de grâce, veut, lui aussi, que nous le servions et que nous servions Notre-Seigneur-Jésus-Christ par de dignes travaux, afin de mériter notre part de récompenses. (...) [Traduction en français de la bulle extraite de Hesse,son abbaye, son prieuré, son église et ses annales / par l'abbé Hermann Kuhn, curé de Brouderdorff / 1872]
XIII e siècle
N°02 - 1255, le 5 des ides d'octobre (11 octobre) - Le pape Alexandre IV accorde un indult aux religieuses du monastère de Hesse, « accablé sous le poids de certaines dettes ». Il déclare : « Vous n'êtes aucunement tenues au paiement de ces sortes de dettes, à moins que les créanciers ne puissent fournir la preuve qu'elles ont été contractées pour des choses utiles au monastère, nonobstant certaines lettres conventuelles, renonciations en droit, aveux et même serments prêtés lors des contrats. » 1255, le 3 des nones de décembre (3 décembre) - Nouvel indult papal, car les religieuses se disent « surchargées de provisions de plusieurs clercs pour des bénéfices ecclésiastiques et des pensions, en vertu de lettres du pape Innocent, de pieuse mémoire, et des légats du siège apostolique. »
N°03 - Registre de dettes de l'abbaye de Hesse - Le document se compose de deux bandes de parchemin de qualité médiocre, attachées ensemble au moyen d'un fil. Sa description et son contenu parurent en 1938 dans l'Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie Lorraine, avec les commentaires de l'historien allemand Hugo Steinthal. Celui-ci supposait (en 1938) que le registre aurait été écrit entre 1255 et 1349. Date approximative, de laquelle l'historien lorrain Alain Simmer disait en 2018 qu'elle serait « très certainement à revoir », car, selon cet éminent spécialiste de la langue germanique ancienne, « d'après la graphie et la morphologie de la langue employée, il doit s'agir du XVe, plus probablement du XVIe siècle. »
XV e siècle
N°04 - 1497 : Difficultés entre le prieur et couvent de Truttenhausen et les prieur et couvent de Hesse au sujet du droit de patronage et des dîmes de Rosheim. L'abbaye de Truttenhausen était située à l'ouest de la commune de Heiligenstein (Bas-Rhin) et en partie sur celle d'Obernai, dans le massif du mont Sainte-Odile. La maison religieuse fut fondée vers 1186 par Herrade de Landsberg (1176-1195), alors abbesse du couvent de Hohenbourg (sur le mont Sainte-Odile), dans le but d'accueillir à Truttenhausen les pèlerins se rendant au mont Sainte-Odile. En 1497, Truttenhausen et Hesse étaient des couvents d'Augustiniens.
XVI e siècle
N°05 - 1506 : Extrait d'un registre établissant la banalité « du moulin de Madame appelé Buch moulin ».
N°06 - 1538 : Différend entre Enguelhard de Linange et Fridrich de Lutzbourg (Lutzelbourg), capitaine de Salbourg (Sarrebourg) à propos de bornes et de corvées.
N°07 - 1547 : Différend entre Enguelhard Comte de Linange et Dasborg et Messire Fridrich de Lutzbourg Gouverneur de Sarbourg à propos des corvées et de la glandée.
N°08 - 1547 : Accommodement entre Engelhard comte de Linange et Dagsbourg et seigneur d'Apremont d'une part, et le Sieur Frederich de Lützelbourg, Bailli de Sarbourg d'autre part.
N°09 - Document sans date, écrit entre 1566 et 1592 : Litige entre le Révérend Nicolas Périni, prieur de Hesse, et le Sieur Bernard de Lutzelbourg à propos d' « exception » (concerne le serf Martin Bernard) et le « droit de commande et de deffense » sur les serfs habitant à Hesse.
N°10 - 1576, le 6 des calendes de juillet : Bulle du pape Grégoire XIII « réunissant le prieuré de Hesse avec toutes ses annexes, droits et appartenances, à la mense commune du monastère de Haute-Seille ».
N°11 - 1581, 11 septembre : Acte notarié, passé au « logis de messire Bernard de Lutzbourg » à Sarrebourg. Difficultés entre « les gens du cloistre de Hesse » et Bernard de Lutzelbourg « pour cause de ses crouvées obligé de faire audit seigneur ». Liste des 38 « bourgeois » de Hesse en 1581.
N°12 - 1594, 1595, 1596 : Difficultés entre l'abbé de Haute-Seille, l'évêque de Metz et les comtes de Linange-Dabo à propos des droits de justice à Hesse. Occupation du prieuré par des hommes d'armes appartenant au comte de Linange-Dabo. Exécution à Hesse de Johann Clairie, coupable d'avoir volé du blé.
N°13 - 1608, juillet : Procès pour sorcellerie à l'encontre de Claudon Hardier, pâtre à Hesse. La sentence sera prononcée le 31 juillet et annoncée « audit criminel en présence de tous les habitants dudit Hesse ou la plupart d'iceux » : « Avons icelui Claudon, pour punition dudit crime, condamné à être livré entre les mains du maître des hautes œuvres pour, conduit au lieu du supplice accoutumé, être attaché et étranglé à un poteau, et de là son corps brûlé et réduit en cendres, ses biens acquis à qui il appartiendra, dépens de justice et dudit procès sur iceux préalablement pris. »
N°14 - Document sans date, écrit après 1611 : Demande d'exemption du travail des salpêtriers dans l'enceinte du prieuré.
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