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petites  histoires  et  grande  histoire

 

 

06- Germanisation   de   la  Gaule   romaine

 





 

          Le déferlement des peuples dits « barbares » sur le sol de la Gaule dès l'Antiquité, au IIIe siècle de l'ère chrétienne, puis durant les deux siècles suivants, a été décrit par certains auteurs comme un nouvel Apocalypse. Voici ce qu'en disait, en 1824, le comte Louis-Philippe de Ségur, littérateur et historien, dans son « Histoire des Gaules » :
« Ce fut à l'instant où cette riante contrée (la Gaule), semblable aux jardins d'Armide, jouissait sans prévoyance du calme le plus doux, que tout à coup le bruit effrayant des trompettes guerrières et les hurlements des enfants du Nord se firent entendre. Le fer et le feu dévorent les campagnes, les moissons sont détruites, les fleuves sont teints de sang, l'incendie éclate dans les villes, les palais sont livrés au pillage, les cirques démolis, les temples profanés. Le courage n'a pas le temps de saisir ses armes ; l'innocence est outragée ; la misère et l'opulence tombent confondues dans un même esclavage ; les arts et les sciences disparaissent. Un voile de ténèbres se répand partout, et ne laisse briller que la couleur du sang et l'éclat des armes ; enfin, depuis les bords du Rhin jusqu'à l'Océan et aux Pyrénées, la Gaule naguère si florissante, n'est plus qu'un vaste théâtre de désolation et de carnage. Jamais peut-être dans l'histoire du genre humain on ne vit une plus désastreuse époque, que celle dont nous allons retracer avec douleur le peu de faits échappés à cette longue nuit de ravages et de destructions.
La détresse de l'empire, l'attaque des Goths, l'évacuation des forteresses du Rhin furent le signal de la ruine des Gaules et de l'horrible invasion des barbares qui dévastèrent cette malheureuse contrée. Les Suèves, les Bourguignons, les Vandales, les Allemands, les Quades, les Marcomans, les Saxons, refoulés et resserrés vers l'Occident par les Goths et par les Huns, tournaient depuis longtemps leurs regards avides sur les vignes fécondes et sur les champs fertiles de la Gaule. Ces peuples, méprisant l'agriculture, ne trouvaient de charmes que dans la vie errante ; le repos et la paix étaient pour eux des tourments aussi, toujours on les vit, pour échapper à l'ennui et à la disette, s'attaquer, s'envahir, s'exterminer in mutuellement et ensanglanter par leurs perpétuels combats tous les pays situés entre le Danube, le Rhin, la Vistule et la mer du Nord. » « A tous moments ils changeaient de lieu, de sort, de nom ; et il serait aussi inutile de vouloir suivre la marche, connaître la généalogie, et éclaircir l'histoire de cette foule de hordes sauvages, que de compter et de chercher à distinguer l'un de l'autre, les flots tumultueux et des vagues roulantes d'une mer en furie.
Dans le temps d
e la puissance de Rome, ces peuples, souvent vaincus et jamais soumis, bravant tous les périls, franchissaient fréquemment le Rhin ; leurs incursions n'avaient d'autre objet que le pillage ; aucune idée d'établissement n'entrait dans leurs vues ; et, après avoir dévasté quelques cantons, ils se hâtaient de rentrer dans leurs forêts avec de nombreux esclaves, et chargés d'un riche butin.
Ce qu'il est nécessaire d'observer, c'est que, dans cette première invasion, les barbares, suivant leurs anciennes mœurs, n'eurent d'autre objet que le pillage ; ce flot dévastateur ne voulait que détruire ; c'est ce qui rendit cette irruption si funeste. Ce ne fut que quelques années après, lorsque les Goths se fixèrent en Aquitaine et les Bourguignons en Alsace, que la politique des barbares changea de plan, et s'occupa enfin de la conservation des contrées où ces peuples avaient résolu de se fixer ; et ce fut alors aussi que les Francs s'efforcèrent de prendre dans le Nord leur part au démembrement d'un empire qu'ils avaient défendu de tous leurs efforts contre la première invasion des autres peuples de la Germanie.
La Gaule, jadis la terreur de Rome et l'effroi de l'Asie ; la Gaule, qui coûta dix années de travaux à César ; la Gaule, rempart inexpugnable de l'empire contre les Germains ;  la Gaule, si heureuse sous les Antonins, si paisible sous Constance, si chère à Julien, la Gaule est devenue l'esclave de mille tyrans. »

          Horreur a
bsolue pour la Gaule et ses habitants que ce déferlement des Barbares ! Plusieurs tribus germaniques auraient alors colonisé le territoire, en particulier dans l'Est de la France actuelle, créant des centaines de nouveaux villages et imposant leur langue aux quelques rares indigènes qui n'avaient pas péri ou ne s'étaient pas enfuis. Aujourd'hui, plus aucun historien n'adhère à cette thèse : les recherches archéologiques et scientifiques permettent d'affirmer que cette période dite dit des « grandes invasions » n'a pas laissé la « Gallo-romanie » à l'agonie, tel un désert de ruines fumantes dans lequel la vie se serait à certains endroits définitivement arrêtée. L'historien mosellan Alain Simmer affirme que dans le territoire de Gaule Belgique qui s'appellera quatre siècles plus tard Lotharingie « la pseudo-désertification des campagnes, attribuée d'office aux invasions, n'était qu'un mirage. » Il y eut certes dès le IIIe siècle de nombreux raids de tribus germaniques qui dévastèrent les terres que l'on nomme aujourd'hui lorraines, mais, dit le même auteur, « les troubles furent ponctuels et leurs répercussions moins dramatiques que prévu pour les institutions, même si les populations payèrent souvent un lourd tribut. »
          Dès cette époque du Bas-Empire, des tribus venant des Germanies voisines s'étaient installées parmi la population gallo-romaine des Gaules Belgique, avec très souvent l'assentiment de Rome. « Depuis la fin du IIIe siècle, d'après les recherches archéologiques, des groupes de populations relativement hétérogènes sur le plan « ethnique », mais parlant tous des dialectes appartenant au germanique occidental (« westgermanisch », le « westique » dans la terminologie française plus ancienne), s'emparèrent des terres romaines de la rive gauche du Rhin inférieur où ils finirent, petit à petit, par se rassembler en formant la nouvelle tribu des Franci. (...) A partir du IVe siècle, les Francs s'installèrent durablement sur la Meuse inférieure et aux bords de la rivière Waal (rivière néerlandaise qui fait partie du delta du Rhin) et obtinrent une reconnaissance officielle de leurs conquêtes par l'administration romaine sous Julien l'Apostat, vers 360. Par ailleurs, d'autres types de populations germaniques d'origine très variée ont été installées par les Romains sur le sol de la Gaule. (…)
De plus, il ne faut surtout pas oublier les nombreux mercenaires servant dans le nouvel « exercitus gallicanus » issu des réformes de l'armée romaine impulsées par Dioclétien et Constantin. Dès le début du IVe siècle, d'importants contingents de « barbares », composés notamment de Francs et de Saxons, mais aussi d'autres peuplades germaniques et de cavaliers non germaniques venus des plaines d'Europe orientale, s'infiltrèrent ainsi en Gaule et se répandirent, souvent sous forme de familles entières avec femmes et enfants, dans les provinces romaines de Germanie Seconde, de Belgique Première et seconde et de Lyonnaise Première.» [ dans « Pour une mise à jour des notices historiques consacrées aux emprunts à l'ancien francique dans le Trésor de la langue française informatisé » / Martina Pitz / 2006]

          L'interpénétration et
hnique et culturelle s'accomplit progressivement, se poursuivant pendant le Ve siècle, alors que d'autres groupes humains venaient s'établir parmi une population déjà bien chamarrée. Une nouvelle structure sociale se mit en place au cours des trois ou quatre siècles suivants, qui aboutit à la société féodale. La transition entre l'époque romaine et la civilisation nouvelle se fit non sous forme de révolution, mais au terme d'une évolution-mutation qui s'étala sur plusieurs siècles. Après avoir été « romanisés » et « christianisés », les Gaulois seront-ils « germanisés » par les nouveaux conquérants du sol ?
          Nos ancêtres les Médiomatriques devinrent des Francs et firent partie du « regnum francorum », le royaume des Francs, c'est un fait indiscutable. Toutefois, les rois mérovingiens ne rejetèrent pas la romanité d'un bloc et ne transformèrent pas radicalement la structure sociale : ils laissèrent en place le système administratif romain, et la « civitas » resta la cellule essentielle du royaume, du moins jusqu'au VIIe siècle, constituant même « la base des partages territoriaux qui interviendront à chaque succession, la valeur fiscale des cités entrant en compte pour la constitution des diverses principautés.
Les civitates, dont le nom indique un territoire plus ou moins étendu ayant pour chef-lieu une ville du même nom, ont gardé à l'époque mérovingienne les mêmes limites des cités gallo-romaines. Mais en même temps elles sont devenues les pièces maîtresses de l'organisation politique et administrative du royaume des Francs durant tout le VIe siècle. (…) Elles constituaient la base des arrangements territoriaux dans le royaume des Francs du VIe siècle. (…) Très tôt, chaque partie du royaume se définit , certes par la personne du roi qui est à sa tête, mais aussi par sa capitale et ses cités. C'était la reconnaissance d'une situation que les princes francs avaient déjà trouvée au moment de la fondation du regnum Francorum. Les cités de la Gaule, devant l'affaiblissement de l'autorité impériale en Occident au Ve siècle, ont voulu assurer une plus grande indépendance à leur vie municipale face à la suzeraineté d'une autorité impériale lointaine. Elles s'étaient habituées à être gouvernées de façon autonome par leurs évêques, à garder le plus possible des impôts qu'elles payaient, et à être jugées par les leurs. Dans les guerres qu'il a mené en Gaule, Clovis a dû obtenir l'adhésion de chacune d'entre elles, par la force mais probablement aussi en leur permettant de garder certaines de leurs prérogatives. (…) Placées sous la double autorité du comte et de l'évêque, les cités mérovingiennes constituaient l'unité fondamentale des partitions dont le regnum Francorum a fait l'objet entre la mort de Clovis et la fin de la guerre civile, en 613. Cette situation ne se modifie que plus tard, lorsque le pagus se substitue à la cité pour l'essentiel des activités civiles et militaires. Le nombre des circonscriptions en Gaule est passé ainsi d'une centaine à la fin du Ve siècle à environ 600 ou 700 unités au VIIe siècle. » [dans « Les cités et l'organisation politique de l'espace en Gaule mérovingienne au VIe siècle » / Marcelo Candido Da Silva / Histoire urbaine / 2001]

          Si elle n'a pas combattu la romanité de la société gallo-romaine, la royauté franque n'a pas non plus mésestimé la puissance de l'Eglise, à qui l'Empire romain avait donné la cité comme cadre de son organisation spatiale, faisant de chaque circonscription territoriale une unité ecclésiastique nommée « diocèse », à la tête duquel fut placé un évêque. La cité des Médiomatriques était devenue, dès le IVe siècle, le diocèse de Metz, circonscription ecclésiastique dans laquelle les évêques assuraient un pouvoir spirituel en même temps que temporel, prenant part aux affaires civiles et les assumant seuls au fur et à mesure du délitement de l'empire romain : « entre le régime municipal romain et le régime municipal du Moyen-Âge s'est interposé le régime municipal ecclésiastique ; la prépondérance du clergé dans les affaires de la cité a succédé à celle des anciens magistrats municipaux, et précédé l'organisation des communes modernes. » Mais « tout n'a pas été, même dès lors, également salutaire dans son influence (de l'Eglise). Déjà, au Ve siècle, paraissaient dans l'Eglise quelques mauvais principes qui ont joué un grand rôle dans le développement de notre civilisation. Ainsi prévalait dans son sein, à cette époque, la séparation des gouvernants et des gouvernés, la tentative de fonder l'indépendance des gouvernants à l'égard des gouvernés, d'imposer des lois aux gouvernés, de posséder leur esprit et leur vie, sans la libre acceptation de leur raison et de leur volonté. L'Eglise tendait de plus à faire prévaloir dans la société le principe théocratique, à s'emparer du pouvoir temporel, à dominer exclusivement. Et quand elle ne réussissait pas à s'emparer de la domination, à faire prévaloir le principe théocratique, elle s'alliait avec les princes temporels, et, pour le partager, soutenait leur pouvoir absolu, aux dépens de la liberté des sujets. » [dans « Cours d'histoire Moderne» / François Guizot / 1828]

          Clovis, le premier roi des Francs, comprit l'intérêt de s'allier aux cadres de l'Eglise de Gaule, le plus souvent issus de l'élite gallo-romaine, élus par le clergé et par le peuple baptisé. En embrassant la religion catholique avec trois mille de ses guerriers, il s'attira la sympathie de l'Eglise et en fit son alliée, scellant « l'alliance entre le trône et l'autel » selon l'expression de l'historien Ferdinand Lot. L'approbation royale devint peu à peu la règle pour nommer un évêque, l'Eglise s'impliqua de plus en plus dans les affaires du siècle, et les rois francs affermirent leur domination sur le peuple gaulois grâce à un accord parfait avec le clergé, dépositaire de la science et de l'instruction.
          Il faudra quelques siècles avant que la Gaule ne finisse par s'identifier avec le royaume franc dans lequel une culture mixte celto-romano-germanique aura émergé, formée d'apports provenant de la société celto-romaine des premiers habitants du sol, de la société germanique des conquérants et de la société chrétienne, l'Eglise embrassant les deux autres. Cette nouvelle culture deviendra le fondement de la société médiévale qui se mettra en place sous l'autorité de la dynastie franque carolingienne aux VIIIe et IXe siècles. C'est aux temps carolingiens que s'observeront, selon l'historien médiéviste Jacques Le Goff, « les balbutiements de la ternarité, qui conduiront à la division théorique de la société en ceux qui combattent, ceux qui prient et ceux qui travaillent la terre. » Les trois ordres, noblesse, clergé et tiers-état, structureront la société européenne pendant de nombreux siècles. En France, l'Assemblée nationale votera en août 1789 l'abolition des privilèges et « détruira entièrement le régime féodal ». Ce sera la fin juridique d'une société dont les prémices remontent à une époque où le pays était nommé la Gaule par les Romains.

 

Clovis - Les Mérovingiens

 


          Lorsque l'Empire romain d'Occident s'effondra officiellement en 476, le territoire de la Gaule se trouvait déjà redistribué en plusieurs petits royaumes indépendants créés par des peuples germaniques, Wisigoths, Burgondes, Alamans et Francs Saliens. Le domaine occupé par ces derniers, auxquels Rome avait donné le titre de « peuple fédéré » dès le IVe siècle, se limitait à la région environnant Tournai et Cambrai. Les Francs Saliens avaient pour roi Childéric, descendant de Mérowig, aïeul plus ou moins mythique considéré comme le créateur de la dynastie mérovingienne. Childéric était loin de n'être qu'un petit roitelet chef de tribu : il était général romain, chef militaire et civil de la province romaine de Belgique Seconde, immense territoire s'étendant de Reims à la Manche et à la Mer du Nord. A sa mort en 481, son fils Chlodowech, qui n'a que 15 ans, devint roi sous le nom de Clovis Ier et obtint de Rome les mêmes prérogatives politiques et militaires que son père.



 

 

La Gaule à l'avènement de Clovis en 481

 


           Clovis consacra la plus grande partie de son règne à étendre sa domination sur une grande partie de la Gaule, l'emportant tout à tour sur les Wisigoths, les Burgondes et les Alamans. En 506, après avoir mis en déroute ses rivaux les plus coriaces, les Alamans, Clovis régna sur toute la Gaule du Nord. C'est dans ce contexte que la cité des Médiomatriques, dans laquelle était inclus le Pays de Sarrebourg, passa sous l'autorité des Francs et devint partie intégrante du royaume des Francs.
           Quand Clovis mourut en 511, les Francs étaient les maîtres de tout le territoire gaulois, à l'exception de la Bourgogne. L'hégémonie des chefs saliens, qui dirigeront pendant deux siècles les destinées de la « nation des Francs », était alors solidement établie. Les quatre fils de Clovis - Théodoric, Chlodomir, Childebert et Clotaire - se partagèrent le « regnum francorum », le royaume franc constitué par leur père, puisque, selon l'historien Ferdinand Lot, « constituer un véritable Etat avec un souverain unique à sa tête ne vint à l'esprit de personne. Cette notion, l'« Etat », qui nous est familière, n'entrait pas dans la tête des envahisseurs et elle ne se dégagera vraiment pas avant la fin du moyen âge. L'autorité, le regnum, est considérée comme un patrimoine qui se partage selon les règles du droit privé. Le roi défunt laisse quatre fils : on fera quatre tas de dimensions sensiblement égales. A l'aîné sera attribué le lot dangereux, celui qui fait face aux peuples de Germanie, qu'il faut surveiller. Les villes chefs-lieux de ces quatre morceaux de royaume, Paris, Orléans, Soissons, Reims, sont à proximité l'une de l'autre, pour l'entraide, en cas de péril. On remarque que les rois mérovingiens abandonnent le pays franc pour résider en territoire gallo-romain, où ils trouvent évidemment la vie plus agréable. Quant à l'Aquitaine, ils se la partagèrent. » [dans « La France des origines à la guerre de cent ans » / Ferdinand Lot]


 

La Gaule à la mort de Clovis en 511

 



           Le fils aîné de Clovis Ier, Théodoric ou Thierry Ier, reçut en part d'héritage le royaume de l'Est ou Austrasie, peuplée de Gallo-romains, de Francs, de Chattes, d'Alamans et d'autres peuplades germaniques. Ce territoire comprenait la Belgique première et la Belgique seconde, ce qui correspondrait aujourd'hui à la Lorraine, la Rhénanie, l'Alsace, la Champagne, la Belgique et la partie septentrionale des Pays-Bas. Thierry Ier fixa sa capitale à Reims, puis se ravisa et choisit Metz, chef-lieu de la cité des Médiomatriques, qui occupait une place plus centrale.
           Le dernier membre régnant de la dynastie des Mérovingiens fut Childéric III, qui fut déposé en 751 par son maire du palais Pépin le Bref. Celui-ci se fit élire roi par une assemblée d'évêques et de nobles, avec l'assentiment du pape Zacharie, qui justifia cet acte au motif que « devait être roi celui qui exerçait la réalité du pouvoir ». Or les rois « fait-néant », ainsi que furent surnommés les Mérovingiens à partir de la moitié du VIIe siècle, n'étaient plus que des rois fantoches qui avaient abandonné le pouvoir à leur maire du palais, le plus haut dignitaire de la monarchie. Pépin le Bref, en devenant roi des Francs en 751, fut le premier souverain de la dynastie des Carolingiens, dont le plus illustre représentant fut sans nul doute son fils Charlemagne. Toutefois, c'est le père de Pépin, Charles Martel, qui est considéré comme étant le fondateur de la lignée des Carolingiens. Bien que n'ayant jamais obtenu le titre de roi, le maire du palais Charles Martel fut duc d'Austrasie de 717 à 741 et souverain de facto du royaume des Francs.
           « Il n'y a pas lieu de s'arrêter sur l'histoire intérieure des Mérovingiens. De politique il n'en existe pas. Ce sont des intrigues ou des crimes hideux perpétrés entre frères, entre pères et fils, entre oncles et neveux. » (Ferdinand Lot)

           Les Mérovingiens considéraient le royaume franc comme un bien patrimonial appartenant en propre à la famille régnante. Le roi avait autorité sur les peuples vivant sur ce territoire. Au fil de ses conquêtes, le roi devenait propriétaire des terres conquises, mais aussi des personnes qui s'y trouvaient, et ainsi les victoires militaires aboutissaient à l'accroissement de la propriété familiale du roi. Les hommes n'avaient donc pas d'existence légale et étaient partagés avec les terres, quelle que fût leur origine ethnique.
           Pour s'assure
r le soutien de son entourage et de ses compagnons, le roi leur distribuait généreusement des terres avec les hommes qui y vivaient, des revenus et des charges « publiques », créant ainsi un réseau de fidélités qui jeta les bases de la vassalité. Les « Leute » du roi, ses gens proches, ses « leudes », formeront une classe sociale liée au souverain par un serment et des dons, préfiguration des « grands » et de l'aristocratie des siècles suivants. Certains des compagnons d'armes du roi, ses « comes » en latin, les comtes, seront envoyés dans les « pagi », juridictions administratives héritées de l'Empire romain, pour le représenter. Les comtes mérovingiens, nommés par le roi, devaient assurer en son nom les fonctions fiscales, militaires et judiciaires. Au fil du temps et avec l'affaiblissement de la monarchie, certains comtes finirent par s'approprier cette charge « publique » et par exercer le pouvoir en leur nom personnel, allant jusqu'à créer de véritables dynasties comtales au sein desquelles la fonction comtale finit par devenir héréditaire.


 

Le pays de Sarrebourg à l'époque mérovingienne

 


           « Alors reprennent vie comme espace politique les pagi dont nous ne connaissons vraiment la répartition exacte qu'à l'époque suivante, sous les Carolingiens. Mais, dès 699, un texte mentionne le « pagus saroinse », qui tire son nom de celui de la rivière (la Sarre).
Deuxième fait notable : c'est dans cette période que Pons Saravi a changé de nom, puisqu'en 713 elle apparaît dans un texte comme castrum Saraburgum, changement de dénomination qui traduit une mutation dans la fonction primordiale de la ville. C'est une place forte, avant tout » (J-M. Demarolle)
           La pop
ulation du « pagus saroinse » est alors multi-ethnique : s'y côtoient des Gallo-romains, eux-mêmes d'origines diverses, certains Celtes et d'autres Germains, à côté desquels sont venus s'installer d'autres Germains, certains Francs et d'autres Alamans, entre autre. Quelle fut leur répartition ? « En raison de l'absence ou de la pauvreté des textes, la connaissance historique ne peut interroger que les sépultures et la toponymie.
En l'état actuel de la recherche (en 1993), c'est environ une vingtaine de nécropoles « mérovingiennes » qui ont été retrouvées dans le Pays de Sarrebourg, le plus grand nombre étant à proximité de la vallée de la Sarre. » (J-M. Demarolle)
           Des sépultures datant des VIe et VIIe siècles ont été mises à jour à Fraquelfing, Lorquin, Hermelange, Imling, Haut-Clocher, Dolving, Bettborn, Berthelming, Romelfing, villages proches de Sarrebourg. Ces découvertes ont permis aux archéologues d'affirmer qu' « à l'époque mérovingienne, l'élément germanique de la population du Pays de Sarrebourg est incontestablement formé de Francs. Mais le témoignage de ces sépultures atteste également que ces implantations germaniques durables n'ont pas abouti au remplacement brutal d'une population par une autre, d'une civilisation par une autre : certaines sépultures utilisent des restes de villae gallo-romaines (à Gondrexange, Berthelming, Haut-Clocher), et même certaines tombes mérovingiennes renferment de la céramique gallo-romaine.
Si la majorité des nécropoles mérovingiennes du Pays de Sarrebourg appartiennent au VIIe siècle, la présence de certaines d'entre elles permet de constater que dès le VIe siècle le Pays de Sarrebourg et principalement la vallée de la Sarre représentaient une région attractive pour les implantations rurales ; d'autres indications sont encore apportées à ce sujet par l'étude des noms de lieux, les toponymes.
L'occupation durable des Francs aux Ve et VIe siècles se traduit par des toponymes germaniques terminés par le suffixe -ing ou -ange précédé du nom d'un chef de famille. Le choix est grand dans la région de toponymes de ce type, mais on peut quand même remarquer qu'ils sont surtout nombreux au bord de la Sarre, au confluent de la Sarre Blanche et de la Sarre Rouge : Fraquelfing, Nitting, Hermelange, Xouaxange, Bébing, Imling, Dolving, Gosselming, Berthelming, Romelfing, Fénétrange.
Les toponymes en
-court sont à placer après le VIe siècle : on les trouve à l'ouest avec Assenoncourt, Avricourt, Réchicourt. Ils sont formés sur un nom de personne germanique et le suffixe -curtis, qui désigne le domaine de même que -villa dans les toponymes de même type mais à suffixe en -viller ; ils se trouvent plutôt au sud-est avec Abreschviller, Hartzviller, Vasperviller.
Ainsi, à la fin de l'époque mérovingienne, le Pays de Sarrebourg donne l'image d'une région assez activement peuplée, à l'exception de la partie occidentale trop marécageuse, et souvent dans les mêmes zones de concentration qu'à l'époque gallo-romaine.
Du VIe au VIIIe siècle, on assiste donc, dans le Pays de Sarrebourg, après les ravages des IVe et Ve siècles, à une réoccupation des terres rurales par les anciens envahisseurs devenus cultivateurs sédentaires, à côté des Médiomatriques, tandis que l'organisation sociale distingue une population pauvre, des esclaves, de riches propriétaires. »
[dans « Histoire de Sarrebourg » / ouvrage collectif / Jeanne-Marie Demarolle]

           Il ne faudrait cependant pas affirmer hâtivement que les villages en -ange, -ing, -court ou -viller ont tous été créés à l'époque mérovingienne, lorsque les Germains prirent possession de terres dans la région de Sarrebourg. Ces lieux étaient probablement déjà habités depuis les siècles précédents et les terres étaient mises en culture par des Gallo-romains, lesquels leur avaient donné des noms qui figuraient sur les cadastres, en vue de la perception des impôts. Le système toponymique déjà en vigueur n'a pas forcément été remplacé par un autre, imposé par les nouveaux venus, bien que cette solution ne puisse être systématiquement écartée. Les historiens admettent aujourd'hui qu'il y a eu continuité de l'occupation du sol antique dans le Sud mosellan, sans implantation massive et brutale de « barbares » à l'époque mérovingienne. Les toponymes précités seraient alors le signe de l'existence d'un antique bilinguisme régional et non la preuve d'un éventuel changement de langue. On ne peut pas exclure non plus un phénomène de « mode » qui aurait pu entraîner une mutation dans la dénomination des lieux habités, preuve d'une inter-pénétration de plusieurs cultures. C'est dans ce contexte que pourrait se placer l'apparition du toponyme « Hesse ».



 


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